Le mal est partout.

L'heure était venue.


Dans une grande allée, une voiture blanche, sobre mais classe, roulait sans bruits, sans attirer les regards. Devant la station de métro de la rue, elle freina et se gara avec un silence remarquable. Après quelques instants, la portière arrière s'ouvrit, et une silhouette se dessina. Un homme sortit et se dressa sur le trottoir, refermant derrière lui la portière. Dans sa main gauche, une valise de taille moyenne.

L'individu était de taille moyenne lui aussi, ni trop grand ni trop petit. A l'instar de la voiture qui l'avait conduit, il était tout vêtu de blanc, seule sa chemise d'un vert forestier trahissait l'ensemble. L'inconnu demeura un instant sur les pavés, son regard perdu dans le décors de la ville. Soudain, son corps tressaillit une fois, agité d'un rire étouffé qui lui était caractéristique.


- Fu fu... Quelle ambiance.


Lentement, la vitre du conducteur s'entrouvrit, laissant à peine visible les contours d'un ombre incertaine. Le nouvel arrivant dirigea son attention vers cette ouverture. Une voix de femme, douce et sereine, s'éleva, se perdant inévitablement dans le vague brouhaha de la cité.


??? : - N'oublies pas ce pourquoi tu es là, Irving.


Un léger rictus se dessina sur les lèvres roses dudit homme. Face à ce rappel, il laissa échapper un nouveau son rire, plus prononcé cette fois. Son regard arrogant se détacha de l'ouverture pour se concentrer sur l'horizon, encadré entre deux longs buildings au travers de la ruelle.


- Ne me prends pas pour un amateur.


Sans attendre de réponses, car il savait qu'il n'y en aurait pas, Ricardo Irving tourna les talons et se dirigea vers l'arrière de la voiture, tandis que la vitre se refermait. Du coffre, l'homme extirpa sans mal une lourde valise à roulettes, qu'il amena avec lui sur le trottoir, puis referma le coffre. La voiture partit presque immédiatement, sans bruits, toujours, sans éveiller le moindre soupçon. Il était juste un citoyen normal, qu'on prendrait pour un vacancier. Un homme banal. Cette pensée le fit jubiler, il se sentait tellement supérieur à tous ces ignorants.
Aussitôt, bagages empoignées, il gagna les rames du métro afin de rejoindre son hôtel, qui lui avait été assigné la veille...